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UrbainMajeur
28 janvier 2010

MÉDECINS SPÉCIALISTES EN HAÏTI: LE JUPON DÉPASSE

C'est dans un "déchirant" cri du cœur qu'un représentant des médecins spécialistes québécois intervenant actuellement en Haïti a demandé que ses confrères et lui soient rémunérés pour leur action bénévole. Ils souhaitent obtenir une rémunération de plus 800 $ par jour, l'équivalent de ce qu'ils obtiennent pour leur présence quotidienne dans un hôpital au Québec. Il faut rappeler que, contrairement aux policiers et pompiers que le Québec a déployés là-bas, ces médecins ne sont pas en service commandé. Ils sont là et agissent sur une base strictement volontaire.
L'attitude et la mentalité que reflète cette demande ont de quoi inquiéter, mais elles ne devraient surprendre personne. Depuis plusieurs années, les médecins sont les enfants gâtés d'un système social qu'ils ont réussi à berner et à contrôler. Sous prétexte d'avoir fait de longues études (par ailleurs comparables à celles de bien d'autres universitaires), et d'œuvrer dans un milieu de pénurie - maintenue artificiellement par leur corporation professionnelle en accord avec le ministère souvent dirigé par un de leurs confrères - ils ont réussi à se négocier des salaires excessivement privilégiés. En limitant le droit de pratique d'autres professions qui auraient pu leur faire concurrence et diluer leur marché, ils sont parvenus à se créer un statut qui dépasse de loin leur réelle valeur. En médicalisant le domaine de la santé, en prônant le traitement plutôt que la prévention, en s'arrogeant des prérogatives tout simplement excessives (le droit exclusif de prescrire, par exemple), ils en sont arrivés à se croire simplement au-dessus des hommes. Et c'est particulièrement vrai des médecins spécialistes dont le salaire annuel moyen excède les 300 000 $ (avec sécurité d'emploi garantie!)
Jouissant d'une liberté de pratique que bien d'autres professionnels leur envieraient, ils peuvent, comme ça, décider d'aller où bon leur semble, aider la cause de leur choix, sans autre contrainte.
Et ils peuvent, sans gêne, de la façon la plus indécente qui soit (...une fois le fait accompli), aller ensuite dire au ministre que leur bénévolat leur entraine des frais (...comme à tout le monde)  qu'ils souhaitent voir défrayés au plein prix (contrairement aux autres)! Et comme le ministre est un confrère, on le sent vite l'écoute, même si l'histoire reste à suivre.
Ça ressemble beaucoup plus à une tentative de holdup qu'à de l'action humanitaire. Et à ça ressemble surtout à un geste incroyablement maladroit de gens qui ont perdu tout sens de la réalité. À quand des femmes et des hommes sérieux et sages qui sauront ramener à l'ordre ces manipulateurs de notre système?

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UrbainMajeur
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