POLICE EN TREILLIS: DÉRIVE
Les policiers de Montréal, sans convention collective depuis un bout de temps, ont choisi de rendre plus visibles leurs moyens de pression. Plusieurs ont donc mis de côté l'uniforme réglementaire pour se présenter au travail avec des pantalons de camouflage, le treillis militaire. C'est un choix vestimentaire éloquent qui en dit long sur la mentalité policière. À moins d'être totalement déconnecté de la réalité, nul n'ignore en effet que ce vêtement, souvent vu dans les bulletins de nouvelles, est associé aux pays assiégés, aux situations de crises où les droits de l'homme sont bafouées, et aux forces les plus répressives.
Que des policiers contestataires choisissent le treillis comme alternative à leur uniforme, alors que bien d'autres choix s'offrent à eux, est révélateur de la perception profonde que beaucoup de policiers ont de leur rôle. On n'a pas à plonger très loin dans les fantasmes inconscients que leur comportement dévoile pour se rendre compte que ce dont rêvent beaucoup de policiers, c'est d'action, d'intervention et de répression. Et pour ça, ça prend des crises, des criminels et des dérapages sociaux. C'est ce qui justifie l'exercice du pouvoir, et cela excuse même, selon certains, son abus. Dans cette perspective, la prévention ne peut être vue que comme un détestable et inutile obstacle à la satisfaction de ce désir inavouable.
(photo tirée du site Canoe.com, 2008.09.26)