L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC? POURQUOI?
Il n’y a pas un peuple qui souhaite son indépendance sans y voir de très bonnes raisons.
Pas des raisons philosophiques comme « s’autogérer » ou « s’affirmer en tant que nation ». Sûr, ça plaît aux intellectuels, mais ça ne dit rien au monde ordinaire.
Pas, non plus, des raisons linguistiques plus ou moins claires: quand on habite Jonquière ou Cap-Chat, la menace de l’assimilation prochaine à l’anglais demeure somme toute assez théorique.
Quant aux raisons purement culturelles, elles peuvent paraître tout aussi nébuleuses pour la plupart : Céline a beau chanter le plus souvent en anglais et aux États-Unis… allez donc dire aux gens qui vont aller l’écouter sur les Plaines dans quelques jours qu’elle n’est pas québécoise, juste pour voir.
Pour souhaiter s’engager sur la voie de l’indépendance nationale, il faut que la plus grande majorité puisse y voir de vraies bonnes raisons : soit des problèmes impossibles à résoudre autrement, soit des projets à faire rêver qu’on ne peut mener à terme dans le cadre actuel. De toute évidence, actuellement les Québécois en voient de moins en moins.
Malheureusement, dans tous les discours des promoteurs actuels de l’indépendance du Québec, ce sont les thèmes abstraits qui reviennent. Parfaits pour être discutés entre savants universitaires, ces thèmes sont peu assimilés et mal compris par la plus grande partie de la population et, à cause de cela, deviennent de plus en plus source d’inconfort, sinon de rejet, pour une majorité croissante.
Pour donner le goût de l’indépendance, c’est simple: il faut d’abord donner envie d’un pays. Et avant d’être le sujet d’un traité de droit constitutionnel, un pays c’est un projet physique, géographique et social qui diffère grandement de tout ce qu’il est possible de faire dans la fédération.
Les visées nationalistes du Québec ont toujours été populaires quand elles s’appuyaient sur des problèmes ou des projets concrets : la conscription, l’intégrité du territoire avec la question du Labrador perdu, le problème du contrôle de notre télédiffusion avec des câblodistributeurs régis par le CRTC, la nationalisation de l’hydro-électricité et les mégaprojets comme Manicouagan et la Baie-James, la création de la régie de l’assurance-santé et de la SAAQ, le régime de rentes du Québec ou encore notre système de garderie qu’on s’empresse d’imiter ailleurs.
Mais voilà, on dirait que depuis quelques années, la source aux idées s’est tarie. On a voulu élire des gestionnaires au lieu des visionnaires. Et l’envie du pays nous passe. Ce n’est pas une coïncidence.